samedi 12 novembre 2011

Le chemin


On ne saurait faire plus modeste que ce ruban tendu entre murets et jardinets bien sages.
La pente y est douce quand le coeur est léger, âpre si la nuit le fut, où chaque foulée résonne du silence obsédant de tout ce qui n' est plus.
Huit mille cinq cent soixante allers et autant de retours, le nez dans les godasses, pour ne pas voir devant, ton sourire en hamac suspendu aux collines.
Peuplé de mots d' anciens. Des mots de tous les jours. Du chien qui gueule sa solitude. Des giroflées d' avril. Des murs bleuis de givre. L' horizon noyé de fumée.
Le sac de billes en bandoulière et des noix plein les mains, Tim y surgit parfois, au débouché de la ruelle, en diable mal débarbouillé. Les joues fripées de nuit, il me sourit sous la capuche. Pour quelques pas encore, nous avons le même âge, crachouillant la peau de nos fruits sur le chemin de l' école.
Un jour, je sais, je suis bien assez folle pour ne pas arrêter le triangle de mon pas à l' ombre des tilleuls. J' irai au bout du chemin, sans courbe et les poches vides, jusqu' à venir cogner la vague.
Jusqu' à venir toucher ta bouche.
Et chahuter ton ciel.

4 commentaires:

  1. " On ne saurait faire plus modeste" et pourtant...

    La poésie nichée où on ne l' attend pas

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  2. Bien forcée de faire avec le peu qui me reste.. :)

    L' un a un blog, l' autre pas; deux Vincent c' est moins compliqué que deux cent vingt, mais quand même.. :))

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  3. Amusant: "Partir" parlait de la mer et ici le terme "chemin" suggère un départ terrestre. Et puis non. On ne va pas de l'avant mais en arrière, on renoue avec les souvenirs et le monde de l'enfance (entre autres).

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  4. Océan ou chemin de terre, c' est toujours l' envie d' aller voir plus loin, derrière..
    C' est la faute à l' horizon tout ça :)

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