dimanche 18 mars 2012

Est-ce avril... ou la vague

D' où vient que certaine lumière
D' aube
Plus claire que le cristal
Me laisse ainsi diaphane
Et le corps souple
Que le ruisseau jaillisse
Des névés sales
De l' éternel hiver
Qu' il suffise
D' y passer les doigts
Pour sentir bouillonner le sang
Du voyage espéré
D' une caresse
Sur un ventre
Que le banc de pierre
Sous le saule
Compagnon immobile
Des jours mauves
Chauffe ma nuque
Comme un soleil de mai
Et ces fantômes
Qui tournaient là
Comme des forçats
Hier encore
A mon ombre enchaînés
S' éparpillent
Dans de grands gestes
De papillons

Est-ce avril
Qui s' en vient
Ou mon amour
Comme la vague
Contre laquelle
Je veux encore
User ma peau

13 commentaires:

  1. Magnifique façon de dire la joie qui s' annonce, la plénitude des sentiments et, il faut bien lâcher le mot, une forme de bonheur, non ?

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    1. Merci pour vos encouragements, Vincent.
      L' exercice est difficile en effet, et pour tout dire, assez nouveau pour moi.. :)

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  2. On notera l’omniprésence de la nature (la lumière, le ruisseau, l’hiver, le saule, etc.) mais comme chaque fois ces éléments naturels renvoient au corps et derrière le corps aux sentiments.
    Du ruisseau on passe au sang (qui bouillonne, préfiguration du trouble amoureux), mais ce cours d’eau évoque aussi l e voyage, lequel devient le déplacement de la main de l’amoureux sur le ventre de celle qu’il aime (et on comprend alors que le voyage « espéré », c’est l’espoir du retour de l’amour).
    On notera aussi les raccourcis, comme ce « banc de pierre » qui « chauffe la nuque ». Il faut supposer que celle qui écrit y est assise et qu’elle sent dans son dos les rayons du soleil (comme si on était déjà en mai). Ce banc avait en soi quelque chose de triste (« jours mauves »). Il était ces derniers temps l’unique compagnon dans la solitude. Ou bien il évoque le lieu où un ancien amoureux, autrefois, s’asseyait, et dont seul le fantôme hantait encore les lieux de la mémoire (« à mon ombre enchaîné »)
    Omniprésence, une nouvelle fois, de l’élément liquide. Après le discret ruisseau, c’est maintenant la vague (idée de force, d’infini océanique) dans laquelle on se jette (oser l’amour ?) et qui enveloppe tout le corps. Caressée par cette vague, l’amoureuse pense à d’autres caresses.
    Merci pour ce poème, si beau, si fort, polysémique finalement, et où on sent, comme le dit simplement mais très justement Vincent, la joie qui revient et même le bonheur.

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  3. et moi je peux encore et encore user mes yeux à vous lire :)

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    1. Bon, c'est vrai que mon commentaire est plus long que le poème lui-même, mais c'est normal quand on analyse un texte aussi riche. Par contre, je reconnais que vous savez être plus concis que moi, résumant tout par le mot essentiel : le bonheur (sourire).

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  4. Vincent: :) pas trop quand même... je ne voudrais pas que des lunettes à double foyer vous empêchent de séduire encore :)

    Feuilly: Merci, mille fois merci pour cette analyse qui met en lumière ce que j' ignorais moi-même, une fois de plus, en écrivant..:)
    Je dois vous prévenir: il y a deux Vincent ici, l' un a un blog ( il suffit de cliquer sur son nom ) sur lequel il m' arrive de laisser des commentaires, que l' auteur efface par mégarde ( :), l' autre n' en a pas ( ou ne veut pas nous le dire :); vous pensiez vous adresser au deuxième qui était en fait le premier.. bref, c' est compliqué mais personne ne vous en voudra de toute façon :))

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    1. Deux Vincent ! Ça se complique... Surtout si le deuxième a un blogue et bientôt des doubles foyers. Un homme averti en vaut deux. La prochaine fois je mettrai mes lunettes (une paire, mais deux verres).

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  5. Effectivement la situation devient compliquée tout d'un coup :) Mon commentaire était destiné à Agnès dont les mots touchent toujours au coeur et surtout pas une critique du votre feuilly :)
    Agnes, je continuerai à vous lire même si les doubles foyer étaient le prix à payer :) et je vous assure, je fais de gros efforts pour ne plus effacer les commentaires par mégarde :)

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  6. " Agnes, je continuerai à vous lire même si les doubles foyer étaient le prix à payer :)"
    ça, c' est le plus joli compliment qu' on m' ait jamais fait !

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    1. Je suis sur que non mais je fais semblant de vous croire :)

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  7. Avec la vague, il y a aussi les courants, ces fluctuations régulières de l'abîme où nous ne descendons jamais :)))

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    1. " avec la vague, il y a aussi les courants " mais nous y descendons pourtant, pour voir, pour se sentir vivants...

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