lundi 24 décembre 2012

Tuer le père Noël

Des envies de meurtre!
Pas la lente agonie du mari infidèle qu' on empoisonne à petit feu...
Du crime! Et du bien crapuleux !
Des lames aiguisées qui fourragent dans les chairs.
Du plomb dans la bouche qui implore la pitié...
Je voudrais... Enfin quoi, laissez-moi tuer le père Noël !
Le père Noël, ce gros mensonge enturbanné de rouge. Ce binoclard cramoisi à la barbe fleurie de miettes. Ce briseur de rêve et ce pollueur de ciel.
Le père Noël, oui, tous les pères Noël. De chair et d' os, la bedaine coincée dans les bottes. Et ceux gonflés d' hélium qui s' agrippent aux façades...
Zigouiller. Trucider ces mitonneurs de têtes bien sages.  Les pourfendre en un gigantesque feu d' artifice rouge et blanc...
Enfants de partout, criez au monde que vous ne voulez plus y croire.
Que vos rêves sont plus grands que ceux qu' on vous donne en pâture.
Et qu' aucun de vos paradis ne se tient dans la nuit...


jeudi 13 décembre 2012

Pull over

Elle n' avait pas la raideur appliquée des couturières, la ride du lion des petites mains.
Elle tricotait en parlant de la pluie ou bien comme on respire. Comme on boit une liqueur de Myrte, comme on s' offre au soleil de mai... Le petit sac à ouvrage toujours à portée de regard, elle sortait les aiguilles à tout va, à l' ombre du vieux tilleul, dans le métro, sur la plage, un bout de fesse posé sur le fauteuil rouge en attendant que cuise la soupe et la laine gardait les odeurs, le céleri surtout, de ses voyages d' un jour...
Les mains travaillaient toutes seules, le modèle était toujours le même. Le chiné, son pêché mignon. Jersey endroit, envers, point de riz, mailles glissées ou mailles torses... Le long de ses aiguilles  pendouillaient en un clin d' oeil, un bras menu d' enfant ou un dos large d' homme.
A l' heure de l' essayage, debout sur un tabouret, nous prenions des poses de cow-boys qui se rendent au sheriff. Sa bouche hérissée d' épingles, on savait que c' était pour bientôt ces jours interminables où la laine gratte au cou.
Pendue à des fils rêches et comme dans un délire, je voyais alors danser devant mes yeux ces corps dénudés, enveloppant leurs peaux libres de soieries et de plumes.
A coup d' aiguilles, elle tuait le temps; nos rêves d' étés qui n' en finiraient pas...

dimanche 2 décembre 2012

Tourmente


La nuit parfois, sous la risée, ma maison est un rafiot.
Une coquille de noix. Un trois mâts de misaine dont l' équipage de jeunes mousses éreintés ronfle plus fort que le vent.
Dans la cale, au plus étroit de ses flancs, celui que pour rire on appelle capitaine ( à cause de son long cou ) compte et recompte les secondes, de temps suspendu d' un grain à son silence.
Puis fin saoul de suroît, s' endort au ciel lavé.
Dans la maison échouée quelque part sur la terre...