dimanche 6 janvier 2013

Métro

La grosse bouche de Gorgone
Avalait
Recrachait ses noyés
Ecumants
Comme des chevaux qu' on cravache
Et du sang plein les yeux
Je voyais le joug invisible
Pliant leurs nuques épaisses
J' étais seule nageant
Dans cette bile humaine
Le nez dans des parfums
Haleines mains sales et sueurs
Mon corps déjà intime
Avec leurs paysages
Les os saillants de l' un
Et les replis de l' autre
Et chacun m' échappait
Rejeté sur le quai

De quand datait leur dernier rire ?
Leur dernier ciel ?

Je suis d' un pays où les hommes ont une peau
Et dessous des misères
Un coeur qui bat aussi
Au creux des mains calleuses
Les ténèbres sont partout les mêmes
Et nos vies comme là-bas minuscules
Pourtant la nuit d' ici
Ne fait pas de nous des aveugles
Qui ravive au tison
Son grand brasier de songes...


2 commentaires:

  1. Quel texte magnifique Agnès !
    Je viens le relire et le relire depuis sa parution et j'en reste à chaque fois baba !

    Cette justesse et le poids des mots sur nos nuques aussi, donnent tout simplement envie de pleurer :)
    djiu !

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    1. Merci Michèle, pour vos mots toujours si rassurants...

      ( je vous offre un kleenex ? :))

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