dimanche 21 septembre 2014

Mémoires ascendantes ( 8 )


Pierre s' est trouvé un toit, un vélo et un Dieu.
Il en baise chaque jour les lèvres, les yeux clos. Essuie d' un revers de manche, la buée formée sur le carreau de la photographie accrochée face à la fenêtre, à gauche du portrait de Lise.
Vladimir Ilitch Oulianov.
Dieu camarade.

A moi, il faut des églises. Le silence des pierres. Une lumière de vitrail.
Bercer l' ange sous ma peau, qui m' ouvrira le ciel.

                                                                            *

Le Dieu de mon enfance est Seigneur de granit et de pluie.
Il prend les hommes en mer, en fait des gisants de sel.

J' entends encore le bruit des sabots noirs des chevaux du Pardon. Ils tournaient comme un astre autour du vieux calvaire, tandis que nous agitions nos clochettes.
Au retour, les pleureuses égrainaient leurs morts, le long des chemins creux, en un long chant blafard.

Dieu de justice, comme ils disent, aurais-je mieux aimé ton fils, ce poupon aux joues roses, pendu au sein d' une mère plus douce que les femmes de chez nous, si le vent salé de la mer n' avait rongé tous les visages et depecé les cœurs des saints de nos enclos ?

4 commentaires:

  1. Très beau, Agnès. Me laisse coite.

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  2. Juste un merci alors.. ( je ne veux pas gâcher ce précieux silence :)

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  3. Je crois que tout ici, je veux dire sur ce blog, est de haut niveau. Je lis au hasard, un billet ou deux, et à chaque fois je suis convaincue. Mais je ne peux pas toujours poster un commentaire, l'admiration à jet continu, c'est envahissant, à force, ça ne veut plus rien dire. Sachez simplement que je vous lis même si la case "commentaire" reste vide.

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