lundi 30 mars 2015

Secret des berges ( 3 )


Dans le soir qui ondule je te parle et mes mots
Se perdent avant la mer

( j' ai tant rêvé, pourtant, de ces eaux de safran
et des grands sapins noirs
qui s' écartent radieux
offrant pour lit le ciel
à nos corps soudain graves )

Rouge est la blessure
Tandis que je mâchonne
Et l' absence
Et son cri

Par ton souffle délier le poème
Du vent qui le conduit

lundi 23 mars 2015

Secret des berges ( 2 )


Amants, qui roulez vos baisers
Sur le sable moussu des rives
Au front de vos rires clairs
Le temps ne fait plus d' ombre

Dans le fleuve de vos mains
La mort même s' enturbanne
Du sarrau des mortels

Et la pluie sur vos doigts
Défait la marne blanche
Pour l' onde infiniment

vendredi 20 mars 2015

Secret des berges ( 1 )


Rivière femelle assurément
Et vive sous tes cheveux de schiste
Tu semais tes méandres
Au réveil sur ma peau

( à mes reins l' endormi
drapé de sa nuit sans mesure
déchirait d' un pouls régulier
le linceul
et ma conque
s' emplissait de sang neuf )


Grappes ruisselant de sève
Aux lèvres impudiques
De l' aube

samedi 7 mars 2015

Impressions. Paysages minuscules ( 2 )


Au bout du chemin la vieille grille fait un bruit de crécelle quand on la force un peu
Trois maisons, la ferme est devenue hameau

Il faut laisser le village sur la droite, grimper la côte qui le domine
Perché sur sa hauteur, le lieu a la douceur d' un nid, la quiétude d' un vallon

Ici la mer est jaune et les vagues se moissonnent
Etale, elle est de glaise et collante aux semelles

Au pied du sycomore
Gisent des vélos d' un autre âge
Semblables à ceux qu' ils enfourchaient, petits, aux étés saturés
Quand se faisait pressant le désir
Des berges

Ils rentraient au soir rougissant
La peau fraîche et tatouée d' algues brunes
Le chat dormait sur la margelle
Epousant le cercle parfait du puits

Les femmes s' affairaient aux cuisines échangeant des nouvelles d' en bas
Les hommes armés de seaux descendaient jusqu' à la fontaine
Au retour, ils ouvraient leurs gourdes devant le vieux calvaire

C' était avant
Avant que le vieux fou n' engloutisse sa maison sous une montagne de pierres

                                                                  *

Dans le vieux rocking chair
A la lisière des chaumes assoupis sous le feu
Tu tenais dans tes mains le poème

Ton chez-toi baptisé sur du papier de lin

A la Porte des Champs